Le Musée des Tissus poursuit son retour sur le devant de la scène grâce à l’investissement de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, sous la plume de l’architecte Rudy Ricciotti.
Créé au XIXe siècle pour accompagner l’industrie de la soie, du textile, mais aussi de la chimie et d’autres domaines, le Musée des Tissus et des Arts Décoratifs accueille une collection textile unique au monde, de l’Antiquité à nos jours, qui attire les visiteurs, les passionnés du monde entier. Ce musée, témoin de la longue histoire que Lyon entretient avec les tissus, a failli disparaitre comme ont disparu de nombreuses entreprises du secteur. Aujourd’hui, c’est la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui œuvre pour rendre au musée sa juste place, l’ouvrir au plus grand nombre, tout en le maintenant au cœur de la presqu’île de Lyon dans un cadre historique exceptionnel. Il incarne la vision de la culture portée par la Région, à savoir une culture populaire, exigeante, ouverte à tous et fière de son histoire.
Le projet de renaissance des lieux, dévoilé lundi 16 janvier 2023, s’est dessiné sous la plume de l’architecte Rudy Ricciotti qui a notamment signé le prestigieux Mucem à Marseille. Il a été sélectionné parmi plus de 100 candidatures internationales, examinées par un jury, pour porter ce projet architectural. L’objectif : offrir au public une expérience de visite inoubliable en plein cœur de la capitale mondiale de la soie.
Ouverture prévue de l’hôtel de Lacroix-Laval : 2026.
Ouverture complète prévue pour 2028.
Lorsque nous avons fait le choix de reprendre en main le Musée des Tissus de Lyon, nous avons eu l’ambition d’en faire un lieu de culture moderne, à la hauteur de la richesse de ses collections et de toute l’histoire qu’il incarne. Il faut se rendre compte de la chance que nous avons d’avoir ce lieu qui concentre toute une tradition qui a fait la grandeur de Lyon et de notre région, un lieu unique au monde. Avec ce projet, nous poursuivons la renaissance du Musée des Tissus afin de lui redonner la place centrale qu’il mérite, afin d’offrir aussi aux Lyonnais un grand lieu de culture qui retracera notamment la riche histoire de la soierie. Plus qu’un projet architectural, marqué du talent de Rudy Ricciotti, les investissements de la Région permettront de donner un nouvel élan au Musée des Tissus pour en faire un haut lieu de la culture. »
Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Un projet dont les esquisses ont évolué
Depuis la reprise par la Région, plusieurs expositions ont déjà été organisées, symbolisant le nouvel élan donné au Musée des Tissus : Olivier de Serres en 2019, Yves Saint Laurent en 2019-2020, exposition qui a rencontré un immense succès avec près de 80 000 visiteurs, Vivienne Westwood en 2020.
Aujourd’hui, avec le projet de Rudy Ricciotti, le musée ouvre une nouvelle page de son histoire. Pour le bien-être de ses visiteurs et la préservation des collections, il était temps d’engager la construction d’un grand musée du XXIe siècle. Plus fonctionnel, plus ouvert, plus accueillant le nouveau Musée des Tissus sera accessible à tous les publics et proposera de nouveaux espaces pour approfondir ses connaissances, stimuler sa créativité ou tout simplement se restaurer et profiter d’un cadre exceptionnel.
Ce projet abouti, dont les esquisses ont évolué, répond à plusieurs enjeux. Il s’insère dans le Plan local d’urbanisme de la Ville de Lyon et permet de garantir toutes les fonctionnalités d’un musée moderne avec de grandes surfaces d’exposition. Tout en respectant la signature architecturale proposée au concours, le projet « Renaissance du Musée des Tissus » présente quelques nouveautés comme un gabarit global moins important, ou encore un réel effort de verdissement de la parcelle (toit et jardins).
Un programme de travaux réadapté
La Région a souhaité entendre les attentes des riverains exprimées dans le cadre de l’enquête publique et a diminué son programme pour les travaux, en réduisant la surface totale du musée de 1 300 m². L’impact de cette réduction reste très mesuré grâce à l’externalisation de l’atelier de restauration et les réserves des œuvres textiles. La modification de surface conduit en parallèle à une diminution des hauteurs de l’ensemble des bâtiments.
En termes de surface, le projet est dessiné avec une surface totale de 5 516 m². Pour autant, les priorités en termes d’espace et de fonctionnalités sont respectées :
- 1 141 m² pour les expositions temporaires,
- 1 080 m² pour le parcours permanent,
- 489 m² pour un espace modulaire dédié aux évènements (d’un seul tenant) au rez-de-chaussée de l’hôtel neuf, à compléter par l’accès en R-1 de l’auditorium de 403 m² et un accès jardin,
- 399 m² sur 3 étages dans l’hôtel des tissus, pour de l’espace privatisable, séminaires et autres expositions.
- En termes de hauteurs, elles sont totalement revues en fond de parcelle, jusqu’à disparaître pour les riverains de la rue Auguste-Comte. Toutes les vues sont aujourd’hui préservées.
- Les dépendances sud (côté rue des remparts d’Ainay) s’érigent sans dépasser l’hôtel Villeroy : un niveau a été supprimé.
- L’hôtel neuf reste maintenu à 15,5 m.
Le geste architectural est maintenu à l’identique, notamment au niveau de la vue depuis la rue de la Charité, avec une ouverture sur rue du jardin. Un jardin est créé derrière l’hôtel Villeroy, avec un verdissement des toits de l’annexe, pour une vue valorisante pour les voisins. Enfin, la vue du ciel est à valoriser avec un effort important de verdissement de l’ensemble de la parcelle.
« Un équilibre fragile entre création et conservation »
Rudy Ricciotti, architecte : « Il y a cette formidable énergie fluviale du Rhône qui porte une intelligence économique phénoménale depuis la Rome antique. C’est dans ce contexte-là, de façon un peu romantique, que j’ai décidé de m’engager dans le concours pour la réalisation du Musée des Tissus. La deuxième étape de mon projet, après son romantisme, c’est de l’imaginer comme l’équilibre fragile entre création et conservation, entre modernité et patrimoine. On fait ici un travail de dentelle à l‘intérieur du cœur d’îlot, un travail de drapé. On pose une soie de verre. Nous avons imaginé cet effet de drapé avec des lamelles de verres très fines d’une couleur de soie naturelle, légère et scintillante, qui vont venir donner un arrière-plan à l’hôtel de Villeroy. Des vers à soie au verre de soie pour la mémoire des soyeux lyonnais. C’est cela que nous souhaitons apporter. »
Un musée ouvert sur la ville, un lieu de vie pour les Lyonnais
Le projet architectural de Rudy Ricciotti propose de distribuer les espaces de la façon suivante :
- un espace polyvalent pour accueillir tout type de manifestations culturelles au rez-de-chaussée de l’hôtel neuf,
- les espaces d’exposition temporaire dans les étages de l’hôtel neuf et dans ceux de Villeroy,
- le parcours permanent dans l’hôtel de Lacroix-Laval avec la possibilité d’accueillir de façon temporaire des activités d’artisanat d’art dans les communs de Lacroix-Laval,
- les espaces à dédier aux activités (café, restaurant, terrasse en rooftop, salles de séminaire) restent dans l’hôtel des tissus, avec un accès rue. Les Lyonnais auront la possibilité de profiter de cette offre sans passer par la billetterie. Le jardin sera également accessible gratuitement.
Entre modernité et respect de l’histoire des lieux
L’esquisse nouvellement adaptée s’inscrit dans la continuité :
- respect des deux hôtels particuliers, avec une mise à distance permettant leur valorisation en tant qu’hôtels XVIIIe siècle : déconstruction du bâtiment arrière (le silo ouest) pour créer l’opportunité de restituer un jardin à l’hôtel Villeroy, le replacer dans son contexte d’origine, et valoriser la vue des fenêtres des riverains avec le verdissement du toit de l’annexe arrière et le verdissement de l’actuelle cour rouge,
- l’hôtel Villeroy reprend une place prépondérante vis-à-vis de ses communs. L’intervention contemporaine sur les communs fabrique un écrin qui ne fait que mettre en valeur et rehausser l’hôtel Villeroy,
- maintien à l’identique de l’hôtel des tissus, en tant qu’emblème vu de la rue de la Charité et de la rue Laurencin : le voile de soie (matériau verrié) posé sur l’ensemble des façades des nouvelles constructions se présente comme un véritable écrin pour les éléments patrimoniaux préservés à l’identique,
- insertion de l’hôtel neuf, avec une façade améliorée, facilitant les connexions entre les deux hôtels particuliers, et présentant un espace polyvalent pour les manifestations culturelles, au rez-de-chaussée avec un accès vers l’auditorium, le jardin et les étages présentant les expositions temporaires. Élément distributif du musée, c’est le bâtiment qui améliore totalement le fonctionnement du musée en permettant une circulation sur plusieurs niveaux, entre Villeroy, Lacroix-Laval et l’hôtel neuf,
- complète restitution de l’hôtel de Lacroix-Laval, qui sera exclusivement dédié aux fonctions nobles du musée.
Le matériau verrié, formant « le voile de soie » qui sera mis au point, permettra une opalescence qui profitera des jeux de lumière en fonction de la luminosité tout au long de la journée.
De riches collections à valeur historique
Le Musée des Tissus conserve une des plus riches collections de textiles au monde, estimée à 2,5 millions d’œuvres, témoins de 4 500 ans d’histoire, de l’Antiquité à nos jours, comprenant les tissus de tous les continents. Il retrace notamment les 4 siècles de traditions de la soierie lyonnaise.
Le Musée des Arts décoratifs possède lui aussi, des trésors en quantité extraordinaire. Parmi les trésors déjà identifiés, une tunique datant de l’Égypte ancienne, des tissus fabriqués pour les Empereurs Napoléon Ier et Napoléon III, une exceptionnelle collection de textiles byzantins, le pourpoint de Charles de Blois, une tenture de la chambre du Roi Louis XV…