De manière à améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap dans les 12 départements, la Région adapte ses aides pour répondre aux besoins de toutes et tous. Témoignages.
[ AIN ] Catherine Guignardat :
« L’association Le Livre Atelier est née il y a trois ans pour aider les enfants déficients visuels et aveugles à mieux appréhender le programme scolaire et pour faciliter leur accès aux musées. Je suis éducatrice technique spécialisée et avec ma collègue Marie Niehaus, enseignante spécialisée, nous avons réfléchi à un support pédagogique multisensoriel. Nous avons travaillé en premier lieu sur la Préhistoire, car son accès se fait habituellement par la vue, et l’audio proposé dans les musées, les grottes… est souvent insuffisant.
Notre outil a été réalisé en collaboration avec le musée de Préhistoire de Solutré. Il prend la forme d’une malle renfermant un album multisensoriel qui suit le personnage Paléa dans son quotidien. En 12 ateliers, les enfants peuvent toucher des objets, en fabriquer, tout en suivant l’histoire audio. Le toucher est important pour avoir une idée mentale juste. Cet outil, pensé pour les enfants déficients visuels et aveugles, peut cependant bénéficier à tous.
Les objets sont de qualité et réalisés par des partenaires dans l’Ain, la Loire et le Rhône. L’aide financière de la Région nous a permis de faire industrialiser les pièces, ce qui n’aurait pas été possible sans. Nous avons également le soutien des PEP 69, notre employeur. Notre objectif est de développer cette idée sur d’autres thématiques. »
[ ALLIER ] Emmanuel Verrière :
« Sur tout le département de l’Allier, et même au-delà, l’association SAGESS (Solidarité associative pour la gestion des établissements et services spécialisés), basée à Saint-Pourçain-sur-Sioule, est au service de toutes les personnes vulnérables : notamment les personnes âgées, les personnes porteuses d’un handicap, et les enfants de la protection de l’enfance et de la famille.
Nous accompagnons et gérons 40 établissements et services, ce qui représente environ 1 800 places. Chaque jour, nous assurons le transport de 220 personnes, pour l’acheminement dans nos établissements, pour des soins, de la rééducation ou des sorties. Nous disposons de près de 150 véhicules, dont une trentaine de véhicules neuf places. La majorité nécessitent des aménagements spécifiques, pour les fauteuils. Ils doivent être adaptés au transport de personnes souffrant d’infirmité motrice cérébrale.
La Région nous apporte depuis le début une aide précieuse, surtout pour l’acquisition de ces véhicules. Nous avons réinternalisé notre service transports pour des raisons économiques : nous avons donc aussi recruté 30 chauffeurs. Cela nous a permis de créer de l’emploi et d’assurer un service de qualité, en personnalisant davantage les prestations. Nous faisons du porte-à-porte, pour assurer le bien-être et la sécurité des personnes, pas un système de ramassage. »
[ ARDÈCHE ] Rémy Bauer :
« L’association Béthanie a été créée à la fin des années 1930 pour l’accompagnement d’enfants dans le milieu psychiatrique. Elle est aujourd’hui présidée par Bernard Ambrosia. Au fur et à mesure de l’avancée en âge des enfants accueillis s’est dégagée la possibilité de leur proposer des activités professionnelles. Deux structures ont été mises en place pour les jeunes adultes : Les Amandiers à Lachapelle-sous-Aubenas, et Les Chênes Verts à Ruoms. Ces deux ESAT* sont dirigés par Jérôme Berthe et accueillent en tout près de 160 personnes.
Les activités professionnelles sont diversifiées : sous-traitance industrielle, entretien d’espaces verts, entretien et hygiène de locaux, conditionnement, et blanchisserie industrielle. Nous allons développer aussi une brasserie artisanale, qui est en phase de démarrage à Ruoms. Pour la blanchisserie, l’aide de la Région nous a permis de renouveler du matériel et d’adapter nos outils à de nouvelles normes sanitaires : nous pouvons maintenant traiter du linge pour les EHPAD (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les structures médicales ou paramédicales. Nous avons aussi réduit nos volumes d’eau et d’énergie consommés, tout en traitant mieux les rejets. Nous gérons environ 4 tonnes de linge par jour. Notre outil est classique, mais adapté aux spécificités des travailleurs en situation de handicap, notamment pour le tri du linge. »
(*) Établissement et service d’accompagnement par le travail
[ CANTAL ] Laure Fougeroux :
« Nos deux établissements, les foyers de vie Hilaire Maleysson à Laroquebrou et L’Ostalet au Rouget, accueillent des personnes adultes handicapées, avec une spécificité d’accompagnement pour les personnes malvoyantes et non voyantes souffrant de troubles associés. Ils sont tous deux gérés par l’association nationale Handi Aide. Nous accueillons au total 84 personnes et sensiblement autant de salariés, quelques postes étant mutualisés sur les deux foyers. Le véhicule que nous avons acquis avec l’aide de la Région nous sert essentiellement à transporter des personnes à mobilité réduite principalement munies de fauteuils électriques, particulièrement lourds et complexes à déplacer sur de longs trajets.
Il est utilisé pour des rendez-vous médicaux, mais pas seulement : l’intérêt est en effet de pouvoir faire participer ces personnes à des sorties, ou de permettre des transferts à l’extérieur avec plus de facilité. Ce véhicule autorise les personnes concernées à rester assises dans leur fauteuil sanglé, au même titre que les autres passagers transportés.
Il a également vocation à être mutualisé et prêté, notamment à l’EHPAD* de Laroquebrou mais aussi aux autres établissements de l’association ou partenaires locaux qui ne bénéficient pas de ce type de véhicules adaptés. Nous savons nous entraider, entre acteurs d’un même secteur. »
(*) Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
[ DRÔME ] Rémy Beraud et Angélique Herard :
Rémy Béraud : « Je suis rentré à temps plein en cuisine en juillet 2018. J’ai fait auparavant un stage d’un mois au lycée Notre Dame-des-Champs, et encore un stage d’un mois dans une pizzeria à Romans-sur-Isère. En février 2014, j’ai été intégré à l’ESAT, j’étais dans les ateliers. Ensuite, j’ai demandé à être en cuisine où je suis accompagné par Angélique Herard (monitrice principale d’atelier du Resto’ Etic&Croq, ndlr). Je commence à 7 h 30 le matin, jusqu’à 15 heures. Je suis un peu polyvalent, je touche un peu à tout. Au niveau de mon poste, je fais des préparations froides et chaudes (entrées, plats et desserts), du service, de la légumerie, de la plonge… Je vais aussi bientôt faire une formation pour m’occuper de la caisse. Je ne suis pas une personne difficile : j’aime bien la cuisine, et le service en salle aussi. Je suis bien sur ce poste. Si c’est possible de monter en compétences, j’espère peut-être travailler en dehors de l’ESAT, quand je pourrai. »
Angélique Herard, monitrice principale d’atelier : « Rémy est très polyvalent, c’est son gros atout. En plus des 600 couverts que nous faisons à midi, entre les ouvriers et les clients extérieurs, nous proposons aussi des prestations traiteur. Nous livrons dans tout le secteur autour de Romans-sur-Isère et Valence. Sur place, notre salle de restauration est toute neuve : pour la moderniser, nous avons bénéficié d’une aide de la Région de 200 000 €. »
[ ISÈRE ] Jérôme Renavent, Mathilde Duquesne et Thomas Provent :
Jérôme Renavent : « J’étais sur l’atelier espaces verts à l’Arist, au départ, et ensuite je suis passé à l’exploitation maraîchère depuis 2019. On fait du désherbage, on récolte des légumes, on prépare pour le printemps, on fait le paillage, les semis, et les plantations : nous produisons des carottes, des tomates, des aubergines, des poivrons, des pâtissons, des courges… Au début je voulais voir comment c’était, l’exploitation maraîchère, et ça m’a beaucoup plu : je suis bien content. En tout, on est six à travailler, en plus de Mathilde. Et les mercredis, je vais aussi dans une entreprise à Grenoble pour l’entretien de leurs espaces verts. »
Mathilde Duquesne, monitrice d’atelier, responsable de l’exploitation : « Nous travaillons tout de façon naturelle : nous avons deux tunnels, qui nous permettent de produire plus tôt au printemps et plus tard à l’automne. Jérôme est autonome, il sait ce qu’il a à faire, et il intervient presque exclusivement sur l’activité maraichage. »
Thomas Provent, chef de service de l’ESAT de l’Arist : « Le soutien de la Région de 150 000 € nous a permis de développer la ferme urbaine avec la construction d’un bâtiment pour notre magasin ainsi que des espaces partagés pour l’accueil de publics. Nous avons plusieurs autres activités professionnelles en parallèle du maraichage : l’entretien de locaux, l’entretien d’espaces verts, un restaurant d’application à Grenoble (L’Auberge Napoléon) ainsi qu’une troupe de théâtre professionnelle. L’ESAT est aussi couplé avec un SAJ (Service d’activités de jour) qui propose des activités préprofessionnelles, sportives, artistiques et développement personnel et permet le travail à temps partiel. »
[ LOIRE ] Laetitia Bonnier, Estelle Masson et Serge Wilczynski :
Laetitia Bonnier : « Je travaille depuis 2007, j’ai fait du conditionnement, du ménage, un peu de cuisine et maintenant je suis à la blanchisserie. Cette semaine, je m’occupe du tri du linge, le livreur apporte le linge sale et je le range suivant le jour où il doit repartir. Le poste que je préfère, c’est l’expédition, car j’aime bien compter et peser le linge. J’aime ce travail, car je peux être autonome et j’aime bien qu’on travaille tous ensemble. Estelle, ma monitrice d’atelier, dit qu’elle peut compter sur moi, ça me fait plaisir. Je suis aussi en détachement dans la blanchisserie du CHU de l’hôpital de Saint-Étienne. Mes projets, cette année, sont de faire les bons sur l’ordinateur, ça demande beaucoup de concentration, car il ne faut pas se tromper, et aussi de voler de mes propres ailes en prenant un appartement toute seule ! »
Estelle Masson, monitrice d’atelier : « Nous traitons entre 600 et 800 kg de linge par jour pour les foyers de l’ADAPEI de la Loire mais aussi les maisons de retraite, les restaurants, les vêtements de travail… Moi qui travaille au quotidien avec ces personnes, je ne vois pas le handicap. Elles ont de vraies valeurs et sont sans filtres ! »
Serge Wilczynski, directeur du pôle stéphanois à l’ADAPEI de la Loire : « La Région nous a donné 80 000 € pour pouvoir renouveler notre matériel qui avait près de 30 ans. Les nouvelles machines nous permettent de monter en capacité, car nous avons de la demande, sont plus ergonomiques et moins énergivores. »
[ HAUTE-LOIRE ] Anne-Marie Gachard :
« La Maison des familles, qui s’appelle « La Parent’aise », a été inaugurée le 10 décembre 2021. Elle est implantée dans la commune de Saint-Hostien à proximité d’un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés, l’EpEAP Le Meygal, qui accueille 10 jeunes résidents internes à l’année, et 8 enfants en journée, du lundi au vendredi. L’idée de ce projet est née pendant la crise sanitaire, au cours de laquelle des mesures strictes avaient été mises en place à cause du Covid. Il nous a permis de répondre à un besoin évident : renforcer à nouveau les liens entre les jeunes hébergés dans l’établissement et leur famille.
L’idée était de proposer un endroit qui soit vraiment un espace de rencontre, très adapté. La création de ce lieu a été soutenue par la Région à hauteur de 15 000 €. Cette Maison des familles est conçue comme un appartement, avec un espace cuisine et un espace salon, notamment. C’est un endroit où les familles peuvent venir dormir, également, pour certaines situations spécifiques et individuelles.
Son gros atout est d’être un espace convivial, qui peut servir d’hébergement, et qui est aussi situé à proximité de l’établissement, des équipes soignantes et des éducateurs. Ces équipes peuvent donc intervenir très rapidement, en cas de besoin. »
[ PUY-DE-DÔME ] Hélène Laurichesse :
« La mission de L’Arche à Clermont-Ferrand est le vivre-ensemble. Nous voulons que les personnes en situation de handicap mental ou porteuses d’autisme vivent au mieux au sein de la société et choisissent librement leur lieu de vie, qui n’est pas forcément un établissement médical social. Nous avons ouvert depuis 2021 trois habitats inclusifs à Chamalières et Clermont-Ferrand. C’est un modèle de vie partagée entre des habitants en situation de handicap mental, des personnes sous mission solidaire (service civique, jeune travailleur, étudiant…) et des professionnels.
Actuellement, 23 personnes avec handicap sont accueillies. Pour lancer ce projet, la Région nous a beaucoup soutenus avec une aide de 300 000 € pour la réhabilitation de notre site principal à Clermont-Ferrand. Notre dernier projet, qui ouvre entre cette fin d’année et début 2025, a aussi été soutenu par la Région à hauteur de 67 000 €, soit 50 % du financement.
Nous ouvrons un tiers-lieu avec trois facettes : un café-boutique solidaire ouvert à tous et tenu par des handi-bénévoles et des bénévoles, une biscuiterie qui permettra de produire et de vendre des gâteaux faits par les personnes en situation de handicap et un espace d’activités artistiques, culturelles et d’inclusion. Ce tiers-lieu a pour vocation d’être ouvert sur le quartier. Ces personnes ont une capacité sociale importante, elles sont remplies de joie et ça fait du bien à la société ! »
[ RHÔNE – MÉTROPOLE ] Alexis Xavier et Florian :
Alexis Xavier : « Biscornu est une maison de gastronomie inclusive qui emploie des personnes neuro-atypiques. Notre vocation est multiple : d’une part, maximiser l’emploi de ces personnes qui sont lourdement touchées par le chômage (95 % de taux de chômage), et d’autre part, être une vitrine de ce qui peut être possible en entreprise et provoquer des changements à travers une prestation haut de gamme pour démontrer que le chemin de l’excellence est possible et que chacun peut avoir sa place dans notre société !
Biscornu est né à Paris il y a trois ans, et nous avons commencé l’activité dans le Rhône en février 2024. Nous travaillons pour des entreprises, des institutions publiques, des lieux événementiels… et avons déjà organisé des réceptions jusqu’à 500 personnes.
La Région, engagée à nos côtés, nous soutient financièrement afin de permettre le lancement de notre activité et ainsi d’avoir l’encadrement nécessaire pour accompagner, former et inclure ces talents. Ensemble, nous pouvons collectivement transformer l’exclusion en excellence collective ! »
Florian, commis de cuisine : « Sans trop y croire, c’est Cap Emploi qui m’a orienté vers Biscornu. J’ai fait un stage et me voilà en CDI ! C’est à peine croyable. Désormais, je peux envisager l’avenir. J’espère que d’ici quelques années je pourrai avoir mon propre chez-moi. »
[ SAVOIE ] Clément Dumon :
« L’objectif de l’association Zicomatic est de lutter contre l’isolement des personnes en situation de handicap grâce à la culture. Nous proposons des projets culturels dans les structures médico-sociales à destination des enfants, des adultes ou des personnes âgées. Nous organisons un festival et avons des actions de sensibilisation au handicap dans les écoles et grâce à une exposition qui tourne dans toute la France.
Il y a un an et demi, nous avons ouvert le Cozi’Café, un café culturel inclusif à Saint-Alban-Leysse. C’est un espace de vie sociale, handi bienveillant. Cela veut dire que nos outils sont adaptés à l’accueil de personnes en situation de handicap avec des casques antibruit, une carte en pictogrammes pour pouvoir commander facilement, un lieu accessible bien évidemment… C’est un lieu vivant, qui est ouvert à tous. Nous avons une quinzaine de bénévoles qui font vivre le café et aussi des bénévoles en situation de handicap qui donnent un coup de main.
L’association compte trois salariés et 90 bénévoles qui sont indispensables à notre fonctionnement. Le financement de 17000 € accordé par la Région pour le café est important, car il nous aide à payer le loyer notamment. Nous proposons une adhésion de 10 € qui donne accès au café et à ses nombreuses activités : concerts, ateliers bien-être, coiffure… C’est un projet conséquent et nous recherchons des partenaires ! »
[ HAUTE-SAVOIE ] Salomé Martinetti :
« Cœur d’Agate a pour but de soutenir les aidants de personnes malades, vieillissantes ou porteuses d’un handicap, de donner des moments de répit aux aidants lors de journées événements, et aussi dans leur quotidien. Nous avons un rôle de formation, d’information et de soutien aux familles.
Nous sommes basés à Bellevaux mais intervenons sur toute la Haute-Savoie. Nous avons eu l’idée de cette structure mobile pour pouvoir aller à la rencontre des aidants dans les zones rurales. C’est grâce à la Région qui l’a financée à 80 % que nous avons pu avoir cette caravane, et la Fondation ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc) a complété les 20 % manquants.
Cette caravane est de forme arrondie, comme un cocon ! Conçue comme un refuge, elle est en libre accès sur les horaires d’installation dans les communes. C’est un lieu qui s’adapte aux personnes, et non l’inverse.
Le projet a été porté par Cœur d’Agate, mais ce n’est pas la caravane de l’association ! C’est vraiment la caravane des aidants. Elle est gérée uniquement par des bénévoles, et nous avons déjà un planning de tournées conséquent début 2025. Avec mon mari, nous allons aussi développer une antenne et redévelopper ce projet dans le département de la Loire, dont nous sommes originaires. »